La dernière réunion de l’ICANN s’est déroulée du 1er au 6 mars 2009 à Mexico.
Cette organisation, à but non lucratif, est notamment chargée d’allouer l’espace des adresses IP et de gérer le système de noms de domaine de premier niveau pour les codes génériques (gTLD) et nationaux (ccTLD).
En 2000, l’ICANN introduisait de nouveaux gTLD, tels que .aero, .biz, .info et .name.
En 2006, elle s’interrogeait sur la création de l’extension .xxx pour les sites à caractère pornographique, pour finalement y renoncer à la suite d’une levée de bouclier de la part de différents pays et organisations.
En 2008, elle lançait le chantier des noms de domaine personnalisés, l’objectif étant de désengorger les extensions génériques.
Aujourd’hui, toujours dans l’optique de l’extension du champ des noms de domaine, elle suggère la mise en place de noms de domaine à caractère religieux, tels que .catholic, .hindu ou .islam.
La réaction du Vatican ne s’est pas faite attendre. Par l’intermédiaire de son représentant, Carlo Maria Polvani, le Saint-Siège a fait part de son opposition à cette proposition. Il faut toutefois préciser que les Etats, s’ils sont habilités à formuler des observations, n’ont toutefois aucun pouvoir de décision en la matière.
Ainsi, selon Carlo Maria Polvani, une telle décision amènerait l’ ICANN à « décider qui est habilité à représenter ou à se réclamer de telle ou telle religion, ce qui l’amènerait à déroger à sa sage politique de neutralité ».
À ce jour, l’enregistrement de termes religieux est possible parmi certaines extensions génériques (à titre d’exemple, ont été réservés les noms de domaine catholique.com, islam.com, buddism.net).
En revanche, en France, le sujet Ô combien sensible de la réservation du nom de domaine à connotation religieuse fait d’ores et déjà l’objet d’une réglementation. En effet, l’Afnic interdit la réservation en .FR de noms de domaine, tels que bouddhisme, catholique, islam, qui sont des termes fondamentaux dont l’utilisation est soit interdite soit réservée (et donc soumise à des conditions particulières).
La question des extensions à caractère religieux déplace quelque peu le problème, puisqu’ici, il ne s’agirait pas de noms de domaine composés d’un terme à connotation religieuse associé une extension nationale ou générique, mais bien de noms de domaine génériques, dont l’extension elle-même aurait un caractère religieux.
On entrevoit bien la difficulté de cette proposition, qui résiderait en effet dans la détermination des conditions d’attribution de noms de domaines dans ces extensions. Quelles seraient les conditions permettant à telle personne ou telle organisation de réserver un nom de domaine en .catho par exemple? Comment décider des critères à remplir et qui serait chargé de le vérifier?
Pour l’heure, ces extensions ne sont qu’une suggestion. Les communautés religieuses et les Etats ne manqueront sans doute pas de faire connaître leur position sur le sujet.
Les voies du Seigneur sont virtuellement impénétrables.